Voilà, je suis née à Paris en 1949 et vécu mon enfance dans ce quartier populaire de Belleville, où les petits commerces de specialités se succedaient dans les rues.
Fille unique, jai voyagé dans ma tête avec des livres, la collection rose, la collection verte, les "Alice", les "Club des Cinq"... Jattendais les nouvelles parutions.
Puis jai voyagé en écriture avec les correspondants dans le monde entier, des adolescents de mon âge, en Afrique, au Canada, Tahiti... Toujours lattraction pour létranger.
Jusquau jour de 1991 quand, en pleine guerre du "Golf", ma famille et moi posons les pieds au Brésil, comme touristes, pour cinq semaines. Rio, la chaleur, lhumidité lodeur dalcool enivrant,
tout me séduit immédiatement, même ce qui est moche, même la misére, même les murs delabrés, même les ordures dans les rues
À Paraty se sont les fenêtres à baionnettes qui me charment, à Salvador, nous sommes agressés mais cest léger, juste pour nous souvenir que nous sommes touristes...
Après Salvador, l’expérience de la forêt tropicale, les moustiques, les orages, l’après-midi et les nuits pleines de lucioles.
Finies les vacances, rétour catastrophe en France.
Un an de dépression, de lunettes noires pour me cacher. Personne n’y comprend rien, même pas moi J’ai tout pour être heureuse, mais ça ne va pas.
Ma meilleure amie est mariée a un carioca de la "zona norte", un noir, un musicien, je suis marraine de leur fils, Darcy. Ils vivent à Toulouse. Nous aussi à l’époque.
Ils decident de passer trois mois chez la mère d’Eraldo, à Jardim América.
Je me greffe sur ce projet. Seule, sans ma famille pour savoir ce que le Bresil veut de moi exactement, pourquoi il m’a laissèe si mal.
En juillet 1992, je m’installe donc dans ce quartier populaire. Tous les jours je prends le bus... une heure de cette horrible avenue Brasil (qui m’enchante à l’époque) pour aller au centre, prospecter, renifler, pratiquer mon portugais...
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Voilà, je suis née à Paris en 1949 et vécu mon enfance dans ce quartier populaire de Belleville, où les petits commerces de specialités se succedaient dans les rues.
Fille unique, jai voyagé dans ma tête avec des livres, la collection rose, la collection verte, les "Alice", les "Club des Cinq"... Jattendais les nouvelles parutions.
Puis jai voyagé en écriture avec les correspondants dans le monde entier, des adolescents de mon âge, en Afrique, au Canada, Tahiti... Toujours lattraction pour létranger.
Jusquau jour de 1991 quand, en pleine guerre du "Golf", ma famille et moi posons les pieds au Brésil, comme touristes, pour cinq semaines. Rio, la chaleur, lhumidité lodeur dalcool enivrant,
tout me séduit immédiatement, même ce qui est moche, même la misére, même les murs delabrés, même les ordures dans les rues
À Paraty se sont les fenêtres à baionnettes qui me charment, à Salvador, nous sommes agressés mais cest léger, juste pour nous souvenir que nous sommes touristes...
Après Salvador, l’expérience de la forêt tropicale, les moustiques, les orages, l’après-midi et les nuits pleines de lucioles.
Finies les vacances, rétour catastrophe en France.
Un an de dépression, de lunettes noires pour me cacher. Personne n’y comprend rien, même pas moi J’ai tout pour être heureuse, mais ça ne va pas.
Ma meilleure amie est mariée a un carioca de la "zona norte", un noir, un musicien, je suis marraine de leur fils, Darcy. Ils vivent à Toulouse. Nous aussi à l’époque.
Ils decident de passer trois mois chez la mère d’Eraldo, à Jardim América.
Je me greffe sur ce projet. Seule, sans ma famille pour savoir ce que le Bresil veut de moi exactement, pourquoi il m’a laissèe si mal.
En juillet 1992, je m’installe donc dans ce quartier populaire. Tous les jours je prends le bus... une heure de cette horrible avenue Brasil (qui m’enchante à l’époque) pour aller au centre, prospecter, renifler, pratiquer mon portugais appris en quelques cours particuliers avant mon départ. J’ai un faible pour cette langue, cette musique.
Je prends rendez-vous avec des architectes, je montre mon press-book partout.
À l’époque, je peins des grands murs, des fresques, juste la dernière page, des azulejos. Une passion qui m’est venue apres un voyage au Portugal.
Je rencontre des gens, je veux voir leur intérieur, la décoration, leurs goûts.
Je constate une certaine incohérence, un manque de racine, des styles qui se mélangent, et puis le carioca vit déhors, il n’attache pas la même importance au détail de l’habitat.
Peu importe, les gens sont accueillants, quand je leur parle de mon coup de foudre pour le pays, ils me disent pourquoi pas. Eux rêvent tous de Paris
Dans quelques jours mon mari arrive... il va falloir que je lui avoue que c’est là que je veux vivre... Finie la dépression, pas besoin de remedes Mais il n’est pas chaud, je le sais. Le Brésil lui fait peur, tout lâcher pour l’insécurité
Je demande à Telma, une amie, de m’aider, elle est adepte du "Candomblé", je veux consulter... Nous voilá parties un après-midi dans un quartier éloigné.
J’attends de voir une grosse mama noire comme "Mãe de Santo"... non, elle a plutôt une peau de rousse, corpulente, certes, mais rien à voir avec ce que mon imagination avait prévue.
Les "búzios" roulent dans la large panière... Oui, je vais rester, et elle me parle même de meubles peints.
D’accord, mais le mari dans tout ça ?
Pas de problème, voyons ce que les "Orixás" réclament... retirage et liste.
Quelques jours après, Telma m’amène dans um marché "especial", comme à l’époque de Noël avec les jouets... Là ce sont tous les caprices des "Orixás" que l’on peut satisfaire, des recipients en terre, des perles de toutes les couleurs, de la volaille vivante, caverne d’Alibaba, j’en perds la tête.
Cérémonie plus compliquée, je me souviens avoir enveloppé des petits coeurs de poulets (congelés) dans des rubans roses avec le nom du conjoint.
(Éfficace Mon mari a tenu de nombreuses années mais a fini par partir, sans doute fallait il rénouveler le rituel des petits coeurs regulièrement...).
Quand le mari est arrivé, il s’est conformé à mon idée.
En trois mois, nous liquidons tout en France, la maison, l’entreprise qui emmène avec elle un de nos fils, l’autre fils se débrouille déjá, sept malles en fer achetées à Carrefour que nous rémplissons de matériel pour travailler nos arts respectifs, mon mari étant musicien. Et en janvier 1993 je débarque à São Paulo.
Hélas l’étape à Lisbonne me rend si nerveuse que je me remets à fumer après plusieurs années d’abstinence. J’ai acheté une cartouche pour offrir à l’amie chez qui je vais, mais je craque.
Je pense que c’est un passage, mais ce vice me réprendra pour plusieurs années hélas.
São Paulo, autre ville, autre classe sociale, j’adore changer et m’adapter. Et j’adore São Paulo, la polluée, l’amour est aveugle, je ne mettrais plus jamais les pieds dans cette ville, sauf grosse obligation
En février, les malles arrivent au port de Rio, premier gros obstacle. On a tout fait de travers... des touristes n’ont pas le droit d’arriver avec leur deménagement
Un mois de discussions, tous les jours au port, à chaque fois un espoir.
Avec Telma, on repart voir la Mama Rousse qui fait des miracles. Les "búzios" roulent "de novo". Elle me parle de parfum français, c’est vrai dans les malles j’ai du Channel que ma belle-mére m’a offert avant de partir. "Promis de que les malles sont libérées, c’est pour vous, mais faites quelque chose, mon mari risque de répartir, il en a marre "
Là carrement on sacrifie le poulet, des chants, des cigarettes sont allumées plein d’offrandes, des "feijãos", des "pipocas"... Hélas faut quand même liberer 3000 dollars...Pour récuperer nos biens...
On a une voiture achetée au nom d’un brésilien et en plusieurs voyages on descend les malles sur Paraty.
Aprés toutes ces émotions, on se réfugie dans la forêt, un vaste sitio des amis.
Je peins toute la journée, du tissu, du bois, des vieux fauteuils, je réve de Gauguin la nuit, je suis dans cette végétation qu’il peignait à Tahiti, j’ai besoin de ses couleurs pour compenser tout ce vert. Je travaille dans une ‘varanda’ entourée par la forêt. Je fais quelques ‘azulejos’, dans les bagages il y avait un petit four à céramique.
En juillet nous devons sortir du pays, sinon nous sommes illégaux. Voyage jusqu’à Ascension où il faut pleurer pour prolonger le visa, mais en parlant d’année sabbatique on arrive à faire craquer l’admisnistration.
Au rétour, nous decidons de sortir de la forêt, rencontrer du monde. On s’installe à Paraty. Rapidement j’arrive à trouver un local dans le centre historique. Em novembre 1993, j’ouvre l’atelier Paris-Paraty. Mon fils Elie, laissé avec l’entreprise nous rejoint, il peint aussi. Le premier mois est un succés, je vends les fauteuils faits au sitio et la mode des plaques d’azulejos qui combinent avec le style colonial font succés.
Rapidement les revues s’emparent de mon art.
Hélas la revue "Elle" qui veut faire du sensationnel écrit que je suis illégale (et oui j’ai passé la date) et que j’ai peur d’une blitz policiale (Je ne connaissais même pas ce terme à l’époque. Je pense acheter toutes les revues du kiosque pour que les gens de Paraty ne sachent pas ma vie, et puis je me rends rapidement compte que ce sont seulement les photos qui sont regardées, le texte, personne ne s’en soucie "Graça a Deus"
Voilà j’exerce mon art des années, rua do Comercio à Paraty. Face à la fenêtre, je peins des heures, je ne me consacre qu’à l’Azulejos, de l’inspiration, des commandes, mon chemin est ici, je m’y sens bien, avec les restes d’azulejos je fais des mosaiques, je ne m’en lasse pas.
Je dors dans l’atelier, une mezanine ouverte sur le ciel et Santa Rita. Des nuits "paratienses" très bruyantes, des fêtes à répetition, je participe à tout, défile dans les rues aux fêtes religieuses, à Carnaval, toutes les manisfestations sont nouvelles pour moi.
J’oublie mes papiers et je reste quatre ans sans sortir du Brésil, les pinceaux collés aux doigts... une frénésie.
Hélas la famille française s’inquiéte, première confrontation avec la police federale, obligée de sortir du pays.
Mon mari qui travaille avec une ONG réussit un visa particulier. Nous montons regulièrement sur Rio, Itaguay, exactement pour aider une association qui travaille avec des enfants, nous donnons des cours de plongée.
Em 1998, une amnistie pour les illégaux.
Hélas mon visa d’ONG, cadastré a Brasília se termine le 12 décembre... Après je suis illégale, et l’amnistie dure jusqu’au 7 decembre.
Deux dates inoubliables dans ma vie: jamais on ne voudra de moi. Impossible de négocier. Et il n’y aura pas de prolongation de date pour l’amnistie
Mon fils (l’autre) nouvellement arrivé déchire son passeport et a droit à l’amnistie
Moi non
Pleurs, chagrin...
Tant pis je resterai. Déchirement avec mon mari, il n’aime pas cette situation, il est honnête, donne des cours de musique, joue avec les musiciens locaux, fait partie des nuits musicales de la ville. Non, rien à faire, il faut des dollars et des dollars si on veut rester.
Pourtant nous sommes grands parents d’une petite brésilienne. Au secours, deux fils avec leurs documents plus une petite fille donnez nous la permission de rester
Un long procés verreux s’en suit, des années avec un petit papier qu’on appelle protocole qui dit que nous sommes en voie de...
D’être refusés. Nous ne sommes pas assez riches
Mais comment des années que je m’expose à tous vents, les revues, RioSul même qui me demande de faire de la pub pour elle avec mon charmant accent et joli atelier, je passe à TV Cultura, on me voit peindre, je passe sur TV5... Une émission canadienne qui est restée trois jours à nous filmer avec le folklore local.
Tout le monde me connaît, apprécie mon art, mais je n’existe pas... 15 ans de Brésil,
Je peux être expulsée à tous moments.
Voilá je vous ai raconté rapidement ma vie parce que j’ai vu qu’il éxistait une série d’émissions sur des gens qui était venus s’installer au Brésil comme si tout était facile Non c’est bien plus facile pour un brésilien d’avoir ses papiers en France que le contraire (Quand on a pas les moyens financiers... de monter une entreprise...).
Pendant 10 ans j’ai loué un sobrado à la famille royale, dans le centre de Paraty.
Em 2008, elle a voulu le récuperer. Mon mari est rentré em France, decouragé par la situation, un fils sur Curitiba qui continue avec l’azulejos, l’autre à São Paulo qui est peintre, et moi dans la forêt qui continue a gagner mon pain quotidien avec un magasin de Paraty qui veut bien continuer a divulguer mon art.
Et je dois bientôt sortir parce que mon papa est vieux et j’ai peur d’être réfoulée au retour. Tant de fois que je paie la "multa" Les flics eux-mêmes ne comprénnent pas
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